HISTOIRE -
Bonjour. Êtes-vous prêt? Bien, asseyez vous. Certes ma vie n'est pas aussi longue que les tortues, mais autant être bien installé pour ce qui va suivre. Tout d'abord, je vous préviens, si vous voulez entendre une jolie histoire pleine de coeur, de petites étoiles, d'amour et d'amitié... Ce n'est pas ici qu'il faut venir. Ce n'est pas mon histoire qui vous conviendra, ni celles de mes pairs, j'en ai peur. Donc si c'est là ce que vous cherchez, je vous conseille de remballer vos affaires, de vous lever et de vous en aller. Bon. Ne reste plus que les intéressés. J'espère que vous avez fait un bon choix, sinon, tant pis pour vous...

Mon histoire commence assez banalement. Je suis née d'une portée de huskies. Je suis née domestique. Oui oui, dans une maison luxueuse aux canapés de cuir, à la grande cour, avec un superbe endroit pour courir. J'y ai passé mes deux premiers mois à courir aux côtés de mes frères et soeurs, à me faire dorloter par les enfants, à apprécier cette vie domestique sans soucis. Puis, tout à changé. C'est à 2 mois que j'ai changé de maison. Étant sevrée, j'ai été adoptée par un couple bien sous tout rapport. Ils avaient l'air extrêmement gentils, je ne peux pas le nier. Mais tout est dans la précision d'avoir l'air. Je suis passée d'un palace à un appartement en plein centre ville, sans balcon, sans aucun endroit où courir. Je me suis sentie devenir claustrophobe. Je tournai en rond toute la journée, les attendant impatiemment pour une si courte promenade d'à peine 10 minutes. Il me fallait plus... Beaucoup plus. Dans les faits, je n'ai tenu que 2 semaines. Deux petites semaines qui m'ont angoissée plus que nécessaire. Certains répondent à l'angoisse en sautant par la fenêtre, c'est exactement ce que j'ai fait. Sauf que je me trouvais au rez-de-chaussée et que la chute n'a pas été vertigineuse. Je ne sais pas, même aujourd'hui si cela est arrivé par hasard, un coup de pouce du destin, ou si cela était l'une de leurs habitudes. Laisser la fenêtre entrouverte n'est pas raisonnable, d'accord, il a fallut que je pousse un peu, mais quand même. En tout cas, je me suis retrouvée dans la rue en un rien de temps. Il ne m'a fallut que peu de temps pour le réaliser et m'éloigner de cet endroit à toute allure. J'ai couru, encore et encore, jusqu'à ce que je n'en puisse plus. J'ai couru tout ce que je n'avais pas pu courir avec ces maîtres. Et je me suis retrouvée à errer sans but dans les ruelles de la ville. Sans but? Vraiment? Mon estomac s'est bientôt manifesté. J'avais faim et je ne savais pas vraiment quoi faire. Quémander me faisait peur. Je ne voulais pas me retrouver dans le même enfer. Finalement, j'ai eu de la chance, encore une fois. Un homme est passé, s'est penché et m'a caressée la tête. Était-ce pour m'amadouer? Peut-être, je m'en fiche. Je l'ai suivi sur quelques pas lorsqu'il est reparti et il m'a observé avec un sourire étrange. Je ne sais pas trop comment le qualifier. Il m'a attrapée et m'a emmenée ailleurs. C'est ainsi que je me suis retrouvée ici.

Où est-ce ici? Je ne sais pas exactement. Ce que je sais c'est que je me suis retrouvée au milieu d'autres chiens. Mais ce qui m'importait le plus, c'est que je pourrais y courir. Courir. Un petit jappement de joie m'a échappée. Oubliant ma faim, j'ai couru tant que je pouvais pour revenir ensuite aux pieds de ce bipède si gentil. Il m'avait emmené ici, loin de cet appartement exigu. Rien que pour cela je l'adorais. Je levai les yeux vers lui en apercevant de nouveau ce sourire si étrange. Il ne ressemblait pas à ceux que m'adressaient mes anciens maîtres, mais je repoussais ce détail dans un coin de ma tête. Les jours suivants, rien de spécial ne se passa. Mon bipède, comme je l'appelle, venait me chercher, me faisait courir. Je ne voyais pas trop l'utilité à l'époque, mais qu'est-ce que j'aimais ça. C'était la première fois depuis longtemps que je pouvais me dépenser pleinement. Inutile de vous dire que j'en ai encore plus apprécié mon maître. Parfois il me faisait attaquer un bâton. C'était vraiment amusant, plus je m'acharnai à arracher le bâton de ses mains, plus il semblait heureux. Et ce que je voulais par dessus tout, c'est le rendre heureux. Puis vint The jour. Le jour où pour la première fois je fis connaissance de la zone. Mon premier combat si vous préférez. Face à moi un autre chiot. Je ne me souviens plus de quelle race il était, mais je me souviens de ses pattes battant mes flancs, de ses crocs me harcelant de toutes parts. J'avais peur. Terriblement peur. Que devais-je faire? Ce premier combat, je l'ai perdu. Et de loin. Il m'a fallut un peu de temps pour me remettre et surtout comprendre ce qu'était la zone. Dedans, il fallait que je combatte, peu importe qui j'étais, je le devais. Mon maître a repris mon entrainement, y ajoutant plus de violence encore. Je ne pouvais l'en blâmer. J'avais été faible, il fallait que je m'améliore. Durant 1 an, ma vie a continué. Quelques combats par-ci par-là, je ne gagne pas tout le temps, mais contrairement à mon premier combat je ne reste pas passive. Je sais que mon instinct doit prendre le pas sur mes sentiments, c'es ce que mon maître veut de moi et c'est ce que je ferais. Petit détail qui a son importance, je ne suis pas qu'une combattante. De part ma corpulence, je n'étais pas faite pour devenir gardienne, mais mon maître m'a entrainée à devenir une Sentinelle. Parfois, je fais le tour de la propriété, je veille sur ces terres qui m'ont accueillie. Certes ce n'est pas le paradis, c'est un monde violence où j'ai plongé volontairement, mais c'est là où j'habite. Et s'il faut se battre pour mériter de vivre, je le ferai. Jusqu'à ce que je sois inutile, jusqu'à ce que je pousse mon dernier souffle, que ce soit dans la zone ou non. Jusqu'à ce moment-là, je lui serais fidèle.